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Différents et si proches

Un témoignage de Juliette Campagne, lectrice bénévole à Lis avec Moi, qui nous parle des rencontres merveilleuses qu’elle fait, autour et grâce aux livres, avec des “gens étranges”…

Un salon, des fauteuils, une télévision fermée, des livres. Ils entrent en scène comme au théâtre.

Le premier avec une chaussure dans les bras qu’il berce doucement. Un autre me serre la main, se nomme et répète plusieurs fois « il est gentil ».Une autre me montre ses bijoux, broche, bracelets et prend ma main pour que je caresse son visage. »Maman » dit-elle en gémissant. Un autre est déjà assis et surveille la masse de journaux et de papiers froissés qu’i a accumulés sur le fauteuil voisin. Il nous interdit d’y toucher. Deux résidents s’embrassent avec une tendresse poignante comme après une longue absence. Un autre, casque sur la tête arrive en titubant, vacillant mais tient bon. Le dernier à arriver va et vient, s’assoit, se lève et finalement se pose. Il prend ma main et la garde comme pour s’assurer d’exister. Ils sont maintenant tous assis, en attente, lectures, jeux, chansons peuvent maintenant prendre leur élan.

Nous sommes à Seclin, au Foyer «  L’Arbre de Guise »,

foyer d’hébergement collectif qui accueille des personnes vulnérables. Lectrices bénévoles de Lis avec moi, nous intervenons depuis janvier 2018 à raison d’une fois par mois. Des professionnels de la structure sont présents à chaque séance, c’est une exigence que nous posons qui est d’autant mieux acceptée que les professionnels du foyer sont invités à participer activement. Ce que la plupart font avec beaucoup d’intérêt et de joie. Les résidents sont entre 10 et 15 à participer à cet atelier lecture qui dure environ 1h30.

Le fait d’être deux  et de lire à tour de rôle est très confortable. Cela permet de choisir un livre en contrepoint si on sent que l’écoute décline. Le choix des livres est  important. Nous venons avec un petit stock de livres choisis en fonction de ce que nous ressentons, séance après séance. On peut dire après plusieurs années de pratiques de lectures régulières que les livres les plus appréciés sont surtout des histoires très rythmées, des livres qui jouent avec le public, des livres avec des devinettes qui les sollicitent sur un mode ludique, des textes répétitifs dont ils reprennent le refrain avec nous. Et des livres avec des onomatopées qui jouent avec la langue, les sonorités, jeux qui les transportent. Nous chantons beaucoup .Ils adorent chanter et malgré leurs grandes difficultés d’élocution, ils vocalisent avec un grand enthousiasme. Nous ne posons pas de questions après nos lectures, cela va sans dire, d’autant que la plupart ont des troubles de langage. Il n’est pas question de contrôler leur niveau de compréhension. Ils sentent qu’ils sont reconnus dans une activité psychique gratifiante et cette reconnaissance crée une relation pleinement joyeuse et dénuée de condescendance.

L’investissement du personnel  est essentiel. Pour les résidents voir leurs éducateurs lire, chanter et jouer avec les livres, se laisser prendre au jeu donne toute son importance à cette activité, d’autant que certains lisent et chantent avec beaucoup de talent et de gaieté. Leur belle présence donne une autre dynamique à ces séances de lectures.

Quelques titres de livres parmi d’autres, particulièrement appréciés :

Des histoires :

La souris qui cherche un mari, de Francine Vidal et Martine Bourre, Didier Jeunesse
Aboie Georges, de Jules Feiffer, l’école des loisirs
Chut on a un plan !,  de Chris Haughton, Thierry Magnier
Pleine lune, d’Antoine Guillopé, Gautier Languereau
Les deux maisons, de Didier Kowarsky et Samuel Ribeyron, Didier Jeunesse

Des livres jeux :

Ami ! Ami !, de Rascal, pastel de l’école des loisirs
Le Livre qui fait des sons, d’Hervé Tullet, Bayard jeunesse
Un livre, d’Hervé Tullet, Bayard jeunesse

Des chansons,  traditionnelles qu’ils connaissent souvent grâce à l’école :

Sur le pont d’Avignon, Jean Petit qui danse, À la claire fontaine, Sur le pont de Nantes, Meunier tu dors, La mère Michel…
Et Frère Jacques, de Christophe Alline, en 4 langues, Didier jeunesse

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